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Bon, j’avoue, je n’ai pas totalement arrêté l’avion 🫣 Il m’arrive encore de le prendre de temps en temps.
La dernière fois, c’était il y a 2 ans pour faire découvrir le Sénégal à mon amoureux.
👀 J’y vais depuis que j’ai 4 ans et ça faisait 5 ans que je n’y étais pas retournée. Je commençais donc sérieusement à avoir le mal du pays. Et j’avais très envie que l’homme qui partage ma vie et mes meilleurs amis découvrent ce pays qui a fait celle que je suis aujourd’hui.
Le problème, c’est qu’il n’y a pas 300 000 manières d’aller au Sénégal.
⛵ Option 1 : le voilier (mon rêve).
🚆 Option 2 : aller en train jusqu’au Maroc (easy) puis traverser la Mauritanie (moins easy).
✈️ Option 3 : l’avion.
N’ayant pas trouvé de voilier, ni de personnes assez motivées pour s’aventurer en Mauritanie avec moi, je me suis résolue à y aller en avion. J’ai beaucoup culpabilisé et je culpabilise encore.
Est-ce que ce sera le dernier voyage en avion ? Je ne sais pas (never say never comme le dit si bien notre cher Justin). En-tout-cas, sauf cas exceptionnel, il n’y a pas de raison pour que je le prenne de sitôt.
Et ce pour deux raisons.
1️⃣ Parce que je prends bien trop goût au train. Prendre le temps, découvrir des endroits insolites, partir à l’aventure, … Partir en train, c’est un voyage dans le voyage !
2️⃣ Parce que l’avion, niveau empreinte carbone, c’est pas dingue du tout. C’est d’ailleurs le sujet de cette newsletter.
Bonne lecture,
Marina 💚
👀 Pour réduire notre empreinte écologique, il existe une multitude de solutions. Deux fois par mois, pars avec moi à la découverte de l’une d’entre elles pour construire ensemble le monde de demain !
Si tu as 1 minute :
L’avion est responsable de près de 6% du réchauffement climatique mondial.
Un aller-retour Paris-New-York, c’est ce que l’on doit émettre par an et par personne en 2050 pour limiter le réchauffement sous +2°C.
1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien.
Les biocarburants, e-carburants, avions à hydrogène et avions électriques sont des technologies très énergivores et très coûteuses. Elles entraînent des conflits d’usage et leurs développements à grande échelle est de plus en plus incertain.
→ Pour que tous les avions volent au biocarburant, il faudrait utiliser plus de 50% des terres agricoles dans le monde.
→ Pour que 40% des avions volent à l’hydrogène, et le reste aux e-carburants en 2050, il faudrait 4x plus d’électricité renouvelable que celle produite en 2018.
Le trafic aérien au départ de l’UE pourrait doubler d’ici 2050, ce qui devrait anéantir les efforts du secteur en matière d’efficacité énergétique et de carburants durables. Seule la réduction du trafic aérien permet de réduire efficacement les émissions du secteur.
À ton échelle, il existe de nombreux moyens d’agir, je t’en dis plus à la fin de la newsletter !
Et si tu as 10 minutes ⤵️
😶🌫️ « L’avion, c’est que 3% des émissions »
« De toute manière, l’avion, c’est que 3% des émissions ». Oui, c’est vrai, l’avion c’est 3% des émissions mondiales de CO2. Mais il n’y a pas que le CO2 dans la vie ! En prenant en compte l’impact de la condensation (les fameuses traînées blanches) sur l’effet de serre, l’avion contribue en réalité à près de 6% du réchauffement climatique global.
Un aller-retour Paris-New-York, c’est ce que l’on doit émettre en 2050 pour limiter le réchauffement sous +2°C. Un vol A/R Paris-New-York représente, à lui seul, 1,7 tonne de CO2e par passager, soit 20% des émissions annuelles d’un.e Français.e moyen.ne. En comparaison, l’humanité toute entière devrait émettre 2 tonnes CO2e par an et par personne d’ici 2050 pour respecter l’objectif de neutralité carbone et limiter le réchauffement climatique sous la barre des +2°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle.
En une seule heure de vol, un jet privé peut émettre jusqu’à 2 tonnes de CO2. Même s’ils sont empruntés par une infime minorité, ils sont de loin (très loin même), beaucoup plus polluants que les avions de ligne commerciaux. Les utilisateurs de jets privés émettent jusqu’à 7 500 tonnes de CO2 chaque année. Soit 757 fois plus que l’empreinte carbone moyenne d’un Français, et 3 750 fois trop pour respecter l’accord de Paris. La cerise sur le gâteau ? Plus de la moitié des vols en jets privés en Europe permettent de parcourir une distance inférieure à 500 km, et sont donc facilement réalisables en train.
11% de la population mondiale seulement prend l’avion. En 2018, 1% de la population mondiale était responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien. En France, 5% des Français sont responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur de l’aviation.
Le trafic au départ de l’UE pourrait être multiplié par 2 d’ici 2050. En 2024, le trafic aérien mondial a surpassé de 3,8% le niveau avant-Covid de 2019. Une hausse qui devrait se poursuivre dans les prochaines années : les avions devraient transporter plus de cinq milliards de personnes en 2025 dans le monde (+17% par rapport à 2023). Le fret aérien aussi est en hausse, notamment en raison de l’explosion du e-commerce avec Shein, Temu et Amazon. Conséquence logique de la hausse du trafic, les projets d’agrandissements d’aéroports se multiplient à travers le monde.
🤔 « L’avion vert, c’est pour demain ! »
Efficacité énergétique ne rime pas avec baisse des émissions ! Si, sur le papier, l’efficacité énergétique semble être une bonne solution pour réduire l’impact environnemental du secteur aérien, elle cache en réalité un vice : comme on économise du carburant, voler coûte moins cher, et donc on vole plus, plus vite et plus loin. C’est l’effet rebond. Le secteur pourrait voir sa consommation de carburant augmenter de 59% d’ici 2050, et ce “malgré les améliorations de l’efficacité énergétique”.
Les « SAF », des carburants pas si durables que ça. Les biocarburants, produits à base d’intrants agricoles (pour les 1ères générations) et de déchets tels que l’huile de cuisson, l’enveloppe de maïs ou les déchets alimentaires (pour les 2èmes générations), et les e-carburants, produits à partir d’électricité, d’eau et de CO2, permettraient de réduire les émissions de CO2 de 70 à 80%. Mais le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre, et si tout le kérosène fossile était remplacé par du carburant durable, l’impact climatique global ne serait réduit que de moitié.
Aujourd’hui, les carburants durables (SAF) ne représentent que 0,3% de l'approvisionnement mondial en carburéacteur. Une faible proportion qui s’explique par les nombreuses difficultés rencontrées sur le terrain.
Pour que tous les avions volent au biocarburant, il faudrait utiliser plus de 50% des terres agricoles dans le monde. Si la demande en bio-déchets est forte (transports, industrie lourde, production d’énergie, cosmétiques, …), l’offre, elle, ne suit pas, car les bio-déchets ne sont pas disponibles en grande quantité. Résultat : certains acteurs fraudent et font passer de l’huile de palme issue de la déforestation pour de l’huile de cuisson usagée. Par ailleurs, la production massive de biocarburants en culture intensive fragilise les sols, menace la biodiversité, altère le cycle de l'eau, et concurrence nos systèmes agro-alimentaires. Certains biocarburants peuvent même avoir, en raison de leur culture et de leur combustion, une empreinte carbone supérieure à celle du kérosène fossile.

Pour que tous les avions volent au e-carburant, il faudrait 2,5x plus d’électricité renouvelable que ce que l’on a produit en 2019. Et dans un scénario où l’ensemble de la flotte d’avions commerciaux utiliserait des e-carburants en 2050, la demande d’électricité serait supérieure de 20% à la production mondiale totale d’électricité actuelle et 4,7x supérieure à la production d’électricité renouvelable de 2018 !
L’avion à hydrogène est très énergivore. Pour un seul aller-retour Paris-New-York il faut faire tourner 360 éoliennes pendant 8 heures (ou bien l'équivalent de 1000 terrains de foot de panneaux solaires). Dans un scénario où 40% des avions de ligne seraient convertis à l’hydrogène liquide en 2050 et le reste de la flotte utiliserait des e-carburants, la demande d’électricité résultante correspondrait à la totalité de la production mondiale d’électricité actuelle, et à environ 4x la production d’électricité renouvelable de 2018.
Pour remplacer 1kg de carburant, il faut 25 à 30kg de batteries. Concernant l’électrique pur, les principaux concepts à l’étude sont centrés sur l’hybridation et pas le 100% électrique (hors aviation légère), à cause de la masse des batteries, beaucoup trop importante pour un avion.
L’avion à hydrogène, ou comment faire un all-in avec une paire de deux. Même s’il se concrétise, l’avion à hydrogène pour les moyen- et long-courriers arriverait beaucoup trop tard pour faire face à l’urgence climatique. D’ici là, seuls seront visés les vols court-courriers, dont beaucoup pourraient être remplacés par la route ou le rail. Encore faut-il qu’il voie le jour, car aujourd’hui, faute de moyens financiers et d’hydrogène vert disponible, de nombreux acteurs ralentissent le développement, à l’instar d’Airbus qui a annoncé un décalage de 5 à 15 ans de sa livraison du premier avion à hydrogène (vs 2035 auparavant).
Du côté des carburants durables, même son de cloche. Les compagnies aériennes ont alerté la Commission européenne sur l’impossibilité de respecter l’objectif fixé par l’UE de 6% de carburants alternatifs d’ici 2030, en raison de leur coût (3 à 5x plus cher que le kérosène fossile), et leur faible disponibilité.
« Ce que nous faisons, c'est un exercice de communication. On dit que ça va avoir lieu, qu’on va le faire, qu’on va y arriver. Mais on ne va pas y arriver. [...] Ne nous voilons pas la face, nous n’atteindrons même pas nos objectifs de 2030. Il n’y a pas assez de matières premières pour fabriquer les volumes nécessaires de carburants d’aviation durables [...] Je ne dis pas que c'est impossible, mais pour y parvenir à l'horizon 2050, l'industrie est très en retard. »
Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, au micro de CNN

🚆 Il est urgent de repenser nos usages et réduire nos déplacements en avion
Seule la réduction du trafic aérien permettra de réduire efficacement les émissions du secteur. On l’a vu, en l’état actuel des choses, l’industrie aéronautique ne parviendra pas à respecter les objectifs climatiques qu’elle s’est fixés à horizon 2050 (dans 25 ans !). D’autant plus si le trafic aérien continue d’augmenter. La question n’est donc pas tant de se demander si l’avion vert sera un jour une réalité, mais plutôt si l’usage que l’on en fait (et que l’on en fera demain) est justifié. Même Augustin de Romanet, le PDG d’Aéroports de Paris, appelle à adopter des comportements raisonnables par rapport à nos déplacements en avion.

Interdire les vols quand une alternative en train existe. En 2023, la France a interdit les vols intérieurs lorsqu’il existe une alternative ferroviaire de moins de 2h30. Mais la mesure a été largement affaiblie par rapport à celle de la Convention Citoyenne pour le Climat qui visait tous les trajets ayant une alternative en train de moins de 4h. Résultat, seules trois lignes aériennes ont effectivement été interdites suite à la promulgation de la loi, soit 5 000 vols (vs. 35 000 avec la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat).

Instaurer des quotas. Jean-Marc Jancovici propose de limiter à 4 le nombre de vols par personne au cours d’une vie. Selon le Réseau Action Climat, instaurer un quota d’un aller-retour par an et par personne permettrait de réduire les émissions du secteur aérien en France de 15%.
Taxer les grands voyageurs. Le principe : plus un passager prend l’avion, plus le prix unitaire d’un billet augmente. Selon le Réseau Action Climat, une telle taxe permettrait de baisser de 13% les émissions du secteur aérien en France. A l’échelle européenne, une telle taxe permettrait de réduire de 21% les émissions du secteur dès 2028 et de récupérer 63,6 milliards d’euros par an. Une mesure plus juste et plus impactante par les associations environnementales que la hausse de la “taxe Chirac” sur les billets d’avion votée lors du budget 2025.

Promouvoir fiscalement le train. En Europe, le train est 2x plus cher que l’avion (et 2,6x plus cher en France !). La raison ? Une fiscalité inéquitable au profit des compagnies aériennes. Il est donc urgent de rétablir l’équilibre fiscal entre le train et l’avion, voire de favoriser fiscalement le train et les autres mobilités douces, pour inciter les passagers à voyager plus sobrement, sous la forme d’un ticket climat par exemple. Les gains fiscaux pourraient également permettre de développer les solutions de mobilités douces sur l’ensemble du territoire français, pour mettre fin aux disparités territoriales, notamment dans le domaine ferroviaire.
Mettre en place des temps de trajets responsables. Les TTR, c’est comme des RTT, mais pour voyager en mobilités bas-carbone. Le principe ? L’entreprise accorde des jours de vacances congés payés supplémentaires aux salariés pour leur permettre de voyager vers des destinations éloignées sans prendre l’avion.
Bientôt la sobriété à marche forcée ? Une autre cause de la réduction du trafic aérien pourrait être la multiplication des effets du changement climatique lors des vols (des turbulences plus violentes, des tempêtes plus destructrices et des vols plus longs) et sur les infrastructures (aéroports submergés, pistes d'atterrissage inondées, …).
😩 « L’avion, avec ou sans moi, il décollera quand même »
Si tu penses que cela ne sert à rien d’arrêter de prendre l’avion, car avec ou sans toi, il décolle quand même, rappelle-toi que Vueling a annoncé l’arrêt provisoire de sa ligne Madrid-Barcelone, en raison de l’offre concurrentielle des trains à grande vitesse ! Idem, en septembre, easyJet a annoncé la fermeture de sa base toulousaine et l’abandon de trois liaisons au départ de l’aéroport de Beauvais en raison de la baisse du trafic aérien sur ces lignes.
A ton échelle, tu peux :
Boycotter les marques d’ultra fast-fashion Shein et Temu, et la livraison en 24h d’Amazon prime
Toujours se demander si ton trajet vaut réellement la peine (favoriser par exemple les voyages en avion pour les réunions familiales plutôt que pour le loisir)
Compenser ton vol (non, je rigole, c’est une technique de greenwashing des compagnies aériennes, et ça n’a pas beaucoup d’impacts en réalité)
Opter pour le train (ou n’importe quel autre moyen de transport) plutôt que l’avion, en t’aidant avec Hourrail et Mollow
(Re)prendre le temps de voyager, et favoriser les destinations proches de chez toi pour les courts séjours. Partir pour le week-end à Marrakech, cela n’a aucun sens !
Je te donne rendez-vous dans deux semaines pour parler du tourisme et découvrir mes tips slow-travel #StayTuned !
💙 Les recos d’EcoYako
🎭 Made in France, jusqu’à la fin du mois d’avril au Théâtre de Belleville (Paris)
Après Coupures (disponible ici en replay), la Poursuite du Bleu signe avec Made in France une nouvelle pièce poignante, drôle et d’actualité sur l’industrialisation et la délocalisation. La scénographie, l’écriture, le jeu des acteurs : tout est parfait. A voir absolument !
🎵 Ocean Fest, les 25 et 26 avril à Biarritz
Les 25 et 26 avril prochains, l’Ocean Fest pose ses valises à Biarritz pour sa 4ème édition. Au programme, deux jours de concerts avec de nombreux artistes comme Clara Luciani, Kavinsky et Worakls, mobilisés bénévolement pour défendre la cause environnementale. Les bénéfices de cette nouvelle édition seront reversés à One Voice et à Sea Sheperd France.
📽️ Extinction Rebellion : amour et rage, en replay sur france.tv
Vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemblait Extinction Rebellion de l’intérieur ? La journaliste Charlotte Espel a suivi pendant un an 4 membres du groupe local de Paris Nord pour comprendre les rouages et les raisons qui poussent à la désobéissance civile, ainsi que la répression croissante à laquelle font face les activistes aujourd’hui.
📰 Les chasseurs avec nous ?, 3ème numéro de Fracas
Pourquoi les chasseurs et les écolos se détestent ? Quelles sont les alliances qui peuvent se créer entre ces deux groupes qui ont tout deux une relation particulière avec la nature ? Dans son dernier numéro, Fracas nous embarque au cœur de la relation orageuse des chasseurs et des écologistes.
🎬 (In)action, le 22 avril sur Ushuaïa TV
J’ai eu la chance de découvrir il y a quelques semaines le premier documentaire de Célia et Léo. Avec leur famille, ils sont partis explorer les raisons qui nous poussent à l’inaction, alors même qu’on est conscient de la crise climatique. Un film plein d’espoir, émouvant et très intéressant !
📰 Des glaces aux vagues, 1er numéro de L’Iceberg
Matthieu et Chaymaa, les deux co-fondateurs de Natura Sciences, lancent L’Iceberg, un nouveau magazine trimestriel qui croise les regards de scientifiques, artistes, activistes pour explorer en profondeur les grands défis écologiques actuels et proposer des moyens d’action. Le premier numéro est disponible en commande sur leur site internet !
🌸 Fleurs, fruits, légumes et poissons de saison
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